Le mode de consommation d’alcool des Français a évolué ces dernières années… et pas toujours dans le bon sens. Les derniers chiffres de Santé publique France révèlent une baisse des consommations quotidienne et hebdomadaire au cours des dernières décennies. En revanche le phénomène d’alcoolisation ponctuelle tend à augmenter. En particulier chez les femmes.
Comment a évolué la consommation d’alcool des Français au fil des décennies ? En 30 ans, de 1992 à 2021, la part d’adultes buvant de l’alcool tous les jours a été divisée par trois. Même son de cloche pour la consommation hebdomadaire qui a été réduite d’un tiers entre 2000 et 2021. Une tendance à la baisse, qui résulte « d’évolutions culturelles et de la mise en place de politiques publiques, dont les mesures protectrices de la loi Évin de 1991 limitant très fortement la publicité en faveur de l’alcool et interdisant la vente aux mineurs de moins de 16 ans », analyse Santé publique France.
Voilà pour la bonne nouvelle. Car un autre phénomène continue – si ce n’est d’augmenter – au moins de stagner. Il s’agit du binge drinking, ou des alcoolisations ponctuelles importantes, principalement auprès du public féminin. Ainsi, depuis 2017, la part des femmes de plus de 35 ans rapportant au moins un épisode d’alcoolisation ponctuelle importante dans l’année n’a cessé de croître, tout comme celle des femmes rapportant un épisode par mois. Alors que les indicateurs masculins, eux, demeurent relativement stables.
Dans son Bulletin épidémiologiques hebdomadaire, Santé publique France explique cet état de fait par « les grandes évolutions sociétales comme l’augmentation de la part de femmes participant au marché du travail, le recul de l’âge au premier mariage ou de l’âge du premier enfant. Certaines femmes évoluant dans des milieux masculins, notamment dans des sphères socio-économiques favorisées, pourraient avoir tendance à s’adapter aux comportements de consommation de ces milieux, afin de se conformer à certains codes informels ou encore à utiliser l’alcool comme une forme d’automédication pour lutter contre le stress perçu. L’industrie de l’alcool opère par ailleurs un marketing agressif visant le public féminin, de nature à soutenir ces évolutions. »
Binge drinking : des risques différents
La consommation excessive ponctuelle n’expose pas aux mêmes dangers que la consommation régulière d’alcool. La perte de contrôle, les comportements violents et impulsifs peuvent se révéler dangereux pour les autres mais aussi pour soi. Au-delà des accidents de la route, la personne alcoolisée devient la victime idéale de violences physiques, morales ou encore sexuelles. Des complications médicales graves peuvent aussi survenir : coma éthylique, traumatismes, troubles respiratoires…
Une baisse dans les jeunes générations
Du côté des jeunes adultes, la part des consommateurs déclarant des épisodes de binge drinking semble stable, voire à la baisse parmi les hommes, confirmant la rupture de la tendance avec les années 2005-2010, période durant laquelle ce phénomène tendait à se répandre. Plus généralement, on observe une baisse de la consommation d’alcool parmi les plus jeunes générations depuis plusieurs années, « traduisant des rapports à l’alcool qui évoluent ».