Un enfant qui présente des troubles sévères d’apprentissage peut souffrir de troubles neurovisuels ou TNV. En effet, on assiste à une augmentation de ces troubles dont l’origine trouve souvent une explication dans un manque d’oxygène à la naissance ou une grande prématurité. Les TNV touchent la fonction visuelle d’origine cérébrale, ils se répercutent sur le champ visuel, le contrôle du regard, la mémoire visuelle et bien d’autres aspects. Leur impact délétère sur les capacités d’apprentissage des enfants fait qu’on confond trop souvent cette gêne visuelle avec un trouble intellectuel, un trouble des apprentissages ou un trouble autistique. Les travaux de Sylvie Chokron, neuropsychologue et directrice de recherches 1ère classe au CNRS, ont notamment permis de nombreuses avancées dans la reconnaissance et la prise en charge des TNV.
Des troubles difficiles à repérer
Les TNV peuvent gravement entraver le développement de l’enfant. Il convient donc, chez des enfants suivis depuis des années sans succès pour un trouble sévère des apprentissages (du type dyslexie, dysorthographie ou dyspraxie), de faire un bilan neurologique, neuropsychologique, ophtalmologique et neurovisuel, afin de vérifier l’organicité des troubles et de les caractériser. Les travaux de Sylvie Chokron ont montré que les troubles neurovisuels de l’enfant sont difficilement repérables car ils sont invisibles au contrôle oculaire. Par conséquent, s’ils sont présents dès la naissance, les enfants atteints de TNV peuvent ne jamais se rendre compte que leur vision est altérée. N’ayant pas de point de comparaison, ils n’éprouvent pas le besoin de s’en plaindre. Les troubles neurovisuels peuvent entraver l’ensemble des apprentissages alors qu’ils ne sont pas toujours détectés comme tels et que les enfants ne savent pas qu’ils en sont porteurs puisqu’ils ont toujours vu comme ça et n’ont pas conscience qu’ils voient différemment des autres enfants. Par conséquent, ces troubles peuvent souvent être confondus avec d’autres troubles : spectre autistique, acquisition de la coordination, apprentissages…
Un diagnostic compliqué
Du fait de la difficulté, les diagnostics portent souvent sur les conséquences du TNV chez l’enfant. Ils se focalisent sur l’expression visible du trouble qui demeure ignoré. Finalement, cela se répercute dans la façon de prendre en charge le trouble. On pourra par exemple prendre en charge une dyspraxie chez un enfant souffrant de TNV.
La présence ou l’absence de troubles de l’acuité visuelle peut mal orienter le diagnostic. Ils peuvent cacher ou exclure la présence de TNV. Ainsi, les travaux scientifiques attirent l’attention sur les comportements de l’enfant : échec scolaire, difficultés à reconnaître des visages ou des émotions, difficultés dans le repérage spatial, chutes et/ou maladresses sont des signes qui doivent alerter. La prise en charge précoce est essentielle pour offrir à l’enfant toutes les chances de compenser ce trouble.
Un bilan neurovisuel complet
Qu’ils soient d’origine ophtalmologique (troubles visuels) ou neurologique (troubles neurovisuels), le diagnostic est primordial pour le développement de l’enfant. Afin de ne pas passer à côté du bon diagnostic, il est vivement conseillé de consulter un neuropsychologue. Celui-ci pourra ainsi orienter vers un bilan neurovisuel complet impliquant plusieurs autres spécialistes. Une fois dépistés, les TNV peuvent être rééduqués, par des spécialistes formés (en général orthophonistes et neuropsychologues, parfois également orthoptistes ou autres cliniciens formés à la prise en charge de ces troubles).
Les conséquences des troubles neurovisuels
– La difficulté à stabiliser les yeux peut affecter :
– La lecture (la concentration sur un texte est difficile car les lignes ont l’air de tanguer)
– L’écriture (l’alignement des lettres sur une ligne est difficile)
– La motricité fine (encastrer deux morceaux de puzzle, plier une feuille bord à bord, mettre un papier dans une enveloppe, aligner des éléments…)
– La perception des distances et de la profondeur de champ (difficile de viser, de voir les objets – comme un ballon – s’approcher ou s’éloigner)
– Les ajustements de posture (pouvant entraîner de la fatigue)
– Les déplacements (les obstacles de l’environnement sont mal perçus, le repérage dans l’espace est difficile)
– La reproduction de modèles ou d’images
– L’organisation des idées sous forme de texte écrit (l’image de comment les éléments sont reliés entre eux et au tout étant floue)
Les troubles neurovisuels peuvent être à l’origine de troubles dys.
Les signes qui doivent alerter
La lenteur dans les activités scolaires, une grande fatigabilité, une mauvaise posture sur sa chaise, des maux de tête fréquents, une lecture lente, des difficultés en copie et en écriture (lente, irrégulière, pas toujours sur la ligne, espace entre les mots fluctuants), des difficultés en géométrie, des sensibilités à certains éclairages, des difficultés d’attention et de vue d’ensemble, un mauvais sens de l’orientation, une grande maladresse, une mauvaise évaluation des distances, des difficultés dans les rattrapages d’objets et les sports d’équipe sur un grand terrain.
Sources :
https://www.pedagoj.com/troubles-neurovisuels-enfant/
https://apprendre-reviser-memoriser.fr/troubles-neurovisuels-apprentissages/
https://www.vision-et-cognition.com/